
Pianiste russe diplômée – Académie Gnessine
Composition, cours de piano, accompagnement, corépétition
Veronika Kuzmina est née en 1978 à Astrachan (Russie). Elle a effectué ses études à l‘Académie russe de musique « Gnessine » et obtenu un diplôme en 2004 (formation musicale générale: Pianiste concertiste, accompagnatrice, musique de chambre, pédagogie), suivi en 2006 d‘un diplôme de pédagogie supérieure.
En 2005 – 2006, elle a étudié dans l‘Ecole Supérieure de Musique et d’Art Vivant de Francfort (Allemagne), chez le professeur B. Wetz.
Veronika Kuzmina a aussi été élève des professeurs suivants: KA Sirotkina, IN Gabrielova, VB Nosina et VM Tropp. Elle est lauréate de compétitions russes et internationales: concours russe de piano à Volgograd (1993), concours international de piano « jeunes talents » à Moscou (1994), concours international de piano Chostakovitch (1997 – Hanovre, Allemagne). En 1995, elle a reçu la bourse internationale « Nouveaux noms », en 1997 la bourse du gouvernement russe, en 2005, la bourse de DAAD.
En Russie, elle a joué dans des salles prestigieuses, comme, à Moscou, la Maison Internationale de la Musique, la salle de concert Tchaïkovski, ou la grande salle et la salle Rachmaninov du Conservatoire de Moscou. En 1995, elle a participé au projet « Paris-Berlin-Moscou », et a donné à cette occasion des concerts avec des orchestres internationaux (entre autres, avec le chef d’orchestre M.A. Schlingensippen). En 2004, elle a participé au projet de l‘élite musicale du futur, avec le chef d’orchestre A. Sladkovsky. Elle a déjà donné des concerts en Russie, en Allemagne, en France et au Brésil.
De 1998 à 2009, Veronika Kuzmina a travaillé dans la célèbre Académie russe de musique « Gnessine » (Moscou), en tant que professeur de piano et accompagnatrice (notamment pour le violon), et depuis 2006 avec la distinction de « Maître de Moscou » (troisième meilleure accompagnatrice de Moscou).
Elle parle russe (langue maternelle), couramment français et allemand, et un peu anglais.
Elle vit maintenant en France et se consacre à l’enseignement du piano, à l’enregistrement de ses interprétations et à la composition musicale.
Veronika Kuzmina Raibaut, Rambouillet (ile de france, région parisienne).
Mes chers amis,
maintenant je voudrais vous raconter mon histoire, mais le faire à ma façon et avec originalité, en évitant les stéréotypes que l’on peut trouver dans les biographies des pianistes d’aujourd’hui qui ne cherchent qu’à mettre en avant les prix qu’ils ont pu gagner ou bien les académies qui les ont formés. Évidemment que le nombre de concerts réalisés, le nombre de festivals auxquels on a participé et les diplômes qu’on a pu obtenir au cours de sa vie sont devenus les critères de marque pour conter la vie d’un musicien … Mais finalement, qu’est-ce que ça raconte sur l’âme de l’artiste dans son unicité ? La plus grande valeur dans mon métier est avant tout la manière de jouer. Ce qui importe, c’est ce que l’artiste cherche à exprimer à travers sa musique, ce qu’il transmet aux spectateurs qui sont venus l’écouter et de quelle source il tire toute cette générosité … de son expérience de vie. L’âme du musicien est plus précieuse que toutes les statistiques et tous les diplômes. Tout ce que le musicien a enduré a forgé sa personnalité et c’est cela qu’il fait ressentir à son public.
Aussi, je vais d’abord commencer par vous raconter comment j’ai découvert la musique …
J’ai débuté mon cheminement artistique comme un grand nombre de petites filles, à l’école de danse. A l’âge de quatre ans et demi, j’ai commencé la danse à l’école de ballet d’Astrachan (ma ville natale). C’est une école qui a formé beaucoup de grands maîtres de la danse, et c’est pour cela que son niveau d’exigence était extrêmement élevé et qu’elle ne laissait pas leur place aux faibles ou aux capricieux. Tout le monde travaillait de manière égale, au même rythme effréné, poussé par son instinct de survie. Chaque jour, les répétitions duraient des heures et s’en suivait des concerts jusque tard dans la soirée. J’ai réussi à tenir ce rythme inhumain jusqu’à mes 6 ans. Mais après avoir débuté l’école primaire, il est devenu très difficile de concilier les deux … Je manquais les cours, je dormais très peu et j’avais régulièrement des problèmes de santé à force d’épuiser mon corps et mon esprit.
Ma grand-mère, en me voyant dans un tel état, a tiré la sonnette d’alarme et j’ai pu changer de rythme. Sur le conseil des membres de ma famille, il a été décidé que je change d’activité artistique, qui serait moins difficile. C’est alors que j’ai commencé la musique. Personne ne s’attendait à ce que je m’investisse autant dans ce nouveau défi.
L’objectif de mes parents était que je joue du piano pour que je puisse accompagner les chorales d’enfants dans les écoles. Pour ma part, j’avais une autre idée en tête, qui était bien loin du solfège et des partitions … J’adorais le bruit que faisait la chauffeuse de bus lorsqu’elle changeait les vitesses, à chaque fois que j’entendais ce bruit, j’avais l’impression d’avoir des billes qui roulaient dans ma tête!
Je pensais avec la plus grande certitude que je deviendrai moi-même une chauffeuse de bus. Si jamais je n’arrivais pas à être embauchée comme chauffeuse de bus, je pensais travailler comme cette femme qui vendait de la choucroute dans le magasin où j’allais régulièrement faire les courses avec ma grand-mère. Je me rappelle que cette femme portait des gants en caoutchouc et que sous ses mêmes gants l’on pouvait voir ses bagues brillantes qui étincelaient lorsque le jus de la choucroute coulait sur ses doigts. Je me disais que quand je serai grande, j’aurai aussi des bagues comme ça … Voilà ce qui pouvait bien se passer dans la tête d’une enfant de cinq ans.
Tout ce que j’ai obtenu de bien dans ma vie, je l’ai obtenu grâce à de longs et rigoureux efforts, en franchissant de nombreux obstacles. Je n’ai rien reçu dans la facilité et pour tout j’ai été obligée d’en payer le prix. Même à l’école de musique, j’ai été admise suite à de nombreuses péripéties.
C’était le dernier jour des examens d’admission de l’école de musique, ceci signifiait notamment que si je ne me présentais pas, il en serait finit de mes chances d’intégrer l‘école. Or, ce jour-là j’avais une angine blanche avec beaucoup de fièvre qui me faisait délirer. Au cours de quelques mois d’apprentissage auprès d’un professeur de conservatoire, j’étais tombée amoureuse de la musique et du processus d‘apprentissage du piano et je me rendais bien compte que si je n’assistais pas à ses examens je ne pourrais jamais faire de la musique mon métier. Par conséquent, avec le peu de forces que j’avais, je me suis tout de même rendue à l’examen.
Pour tout vous dire, cela s’est très mal passé. Apparemment mon examen de chant était une catastrophe et on m’a dit que je ne pourrais faire que de l’accordéon, soit une pâle copie du piano. Malgré ces paroles décourageantes, j’ai persévéré et j’ai commencé à apprendre le piano. A l’école, tout le monde était obligé d’apprendre les mêmes morceaux, de jouer de la même manière, sur le même rythme. Bien évidemment, ce n’était pas du tout pour moi, et j’ai très vite commencé à m’ennuyer. Pour palier à cet ennui, je m’inscrivais à toutes les activités optionnelles à l’école primaire pour pouvoir apprendre et me divertir. J’ai tenu ce rythme jusqu’à mes onze ans. Quant au piano, je continuais de l’apprendre pour le bonheur de ma mère.
Mais mon destin a été rattrapé par Lénine. Non pas que je suivais à la lettre ses slogans qui scandaient à travers un rythme ternaire „étudier, étudier, étudier“, mais je me suis rendue à un concert qui avait été organisé en son hommage pour l’anniversaire de sa mort. Il regroupait des musiciens doués et intéressants et le public était accueillant et chaleureux. L’administration de l’école avait décidé qui c’est moi qui représenterait l’école au concert et que « Papi Lénine » serait très heureux d’écouter mon interprétation de la valse de Chopin. Lorsque je suis sortie de scène, j’ai senti sur mes joues la lumière des projecteurs, j’ai vu qu’il y avait beaucoup de monde et j’ai vu qu’ils avaient disposés sur la scène un magnifique piano à queue. Cette atmosphère m’a beaucoup plu et ne m’a pas du tout effrayé contrairement à ce que l’on aurait pu penser. Après avoir joué parfaitement, j’ai reçu un tonnerre d’applaudissements et c’est à ce moment précis que j’ai compris au plus profond de moi-même que c’était le résultat de mon travail acharné au piano.
A partir de cet instant, je me suis donnée corps et âme. Les années ont passé et j’ai très vite atteint mes treize ans. J’ai alors participé au concours national pour les jeunes pianistes à Samara. J’y ai remporté un prix spécial, mais ce n’est pas ce qui m’est vraiment resté de cette expérience. Ce qui m’a particulièrement ému était d’entendre la manière avec laquelle jouait ces jeunes pianistes, de voir qu’ils réalisaient des morceaux longs et très difficiles. J’étais très admirative et en rentrant chez moi, j’ai fait le sacrifice de tout donner pour la musique et de ne plus me consacrer qu’à cela. Je m’étais fixé l’objectif d’arriver en un an au même niveau que ces jeunes pianistes que j’avais écouté au concours et de pouvoir même arriver à jouer mieux qu’eux. Ma vie est devenue infernale.
Je m’entraînais cinq à six heures par jour en revenant du lycée, chez moi ou à l’école de musique, dans la salle de concert sans chauffage, et même en étant malade. J’étais parmi les derniers élèves à sortir le soir. Ma mère s’inquiétait beaucoup de mon état psychique et elle avait peur que je ne puisse pas supporter une telle charge de travail et que je tombe dans la dépression. Il n’y avait pas d’externat à l’époque et j’étais obligée d’assister à tous mes cours. Malgré les inquiétudes de ma mère, je continuais à réaliser mon objectif. Je me disais: « qui ne tente rien, n’a rien! » Et le travail a commencé à payer. En un an, je suis devenue la lauréate d’un autre concours national en interprétant le Concert n°2 de Saint-Saëns, accompagnée par un orchestre symphonique.
Après cet événement, plus personne ne doutait de ma vocation pour la musique et que mon avenir allait se décider à … Moscou.
Je suis arrivée à Moscou en septembre 1993 et je savais déjà quelle école j’allais intégrer. Il s’agissait de l’école Gnessin qui ne regroupait que des enfants de grand talent. Cet automne-là avait pris une tournure particulière. La Russie vivait une période très difficile de son histoire (oui, j’imagine que vous vous demandez quand est-ce qu’il en a déjà été autrement pour la Russie! Mais quand même, le Moscou des années 90 était particulier).
La vie y était difficile et pour tout le monde. Les gens avaient même du mal à exister dans un tel chaos, on manquait de tout! De nourriture, de sécurité. C’est dans cette atmosphère difficile que je suis arrivée à la métropole seule, loin de mes parents, pour en faire la conquête, portée par mes ambitions artistiques et mon ardeur juvénile. Tout aurait pu basculer si un événement clef ne s’était pas produit, mais fort heureusement, grâce à Dieu et à ma tante (la soeur de ma mère qui m’accueillait chez elle), il s’est produit … il s’agissait de la venue à Moscou de Michael Jackson!
C’était sa première visite à Moscou et il n’y avait pas un seul adolescent qui aurait pu ignorer sa venue, et moi la première! Son concert était l’événement du siècle! Ma mère m’avait donné de l’argent pour couvrir les frais de la première partie de mon séjour à Moscou. Cette somme était strictement réservée aux denrées alimentaires et autres frais indispensables.
A l’âge de quatorze ans, je me retrouvais toute seule et j’étais obligée de me responsabiliser. Je m’adaptais parfaitement à ce nouveau rôle, mais l’arrivée de Michael Jackson a fait ressurgir l’adolescente qui était en moi. Je savais que j’avais assez d’argent pour acheter un billet pour son concert. Je n’avais aucune idée de comment je pourrais assurer ma survie par la suite, et cela m’était complètement égal! Cette idée ne me traversait même pas l’esprit, j’étais plutôt occupée à essayer de trouver de l’argent pour pouvoir emmener avec moi mes deux cousins, qui étaient eux aussi fans de Michael Jackson.
J’ai alors eu une illumination! J’ai eu l’idée de me rendre au marché pour vendre mon nouveau jean et quelques vêtements pour recevoir la somme nécessaire pour nous offrir les trois billets. Heureusement, mon projet a été découvert et toute cette histoire s’est terminée par une scène de pleurs à l’école Gnessin.
Suite à cela, il y eut le putsch d’octobre 1993. Je me rappelle très bien que j’allais à l’école ce jour-là pour m’entraîner (les six premiers mois je n’avais pas de piano chez moi, je devais me rendre à l’école chaque jour qui était à deux heures de route en transport). En voulant prendre ma correspondance, j’ai vu un policier qui était en train d’interpeller la foule.
En me rapprochant, j’ai remarqué qu’il avait l’air très préoccupé. Il m’a demandé pourquoi j’allais vers la station Fili (où se trouvait l’école) et s’il m’était possible de ne pas m’y rendre, compte tenu de ce qui se produisait près de la Maison Blanche. Je lui ai rétorqué que c’était très urgent et qu’il m’était absolument impossible que je renonce à m’y rendre.
Bien évidemment je ne me rendais pas compte de tout ce qui pouvait se produire et pour tout vous dire, si quelqu’un avait essayé de m’expliquer cela aurait été inutile car je m’étais mis en tête d’aller m’entraîner et rien n’aurait pu m’en empêcher. J’avais besoin de répéter car je devais bientôt jouer le Prélude et la Fugue de Tanéév, ce qui était beaucoup plus important que tout ce qui pouvait se passer à Moscou! A l’époque, il n’y avait que moi qui m’entraînait à l’école Gnessin. Mais je me suis vite rendue compte que la situation était très grave. Cela sentait le brûlé que dégageaient les bâtiment incendiés de la Maison Blanche, des tanks se déplaçaient en rang d’oignon dans les rues… Quant à moi, je répétais Tanéev encore et encore…
L’école Gnessin était comme mon deuxième chez moi. Les deux premières années, j’y passais très souvent des nuits entières. Dans les salles, il faisait très froid, j’essayais de m’endormir sur les chaises. J’étais souvent malade, je mangeais peu puisqu’il n’y avait ni argent, ni nourriture dans les magasins, je mangeais des soupes sèches. Parfois je voulais quitter l’école et partir de la métropole pour retourner à Astrachan, et en arrivant à la gare je me disais que je pouvais attendre encore un peu … Et puis finalement les années ont passé et j’ai vécu en tout seize ans à Moscou.
Les années que j’y ai passé restent mon trésor car elles ont permis de forger la personne que je suis devenue. Elles ont forgé mon caractère, ont endurci ma volonté, m’ont apporté de l’expérience et beaucoup de sagesse. Je tiens à remercier chaque personne que j’ai pu rencontrer sur mon chemin, chaque famille qui m’a donné un refuge, chaque professeur qui a su partager son expérience avec moi. Durant mes premières années à Moscou, je me produisais sur scène très souvent. Après avoir relu mes notes de cette époque, j’ai pu décompter environ 150 parutions en deux ans (et ce malgré mes conditions de vie). Je jouais assez souvent dans la grande salle du conservatoire Tchaikovsky. Ma première visite de la salle du conservatoire Tchaikovsky était le jour du concert où je jouais. Puis, j’ai fait ma première tournée à l’étranger, avec comme première destination, le Brésil.
Après deux années d’une vie de pianiste concertiste, j’ai réussi les examens d’entrée au collège Schnitke et à partir de ce moment là, j’ai commencé à étudier très sérieusement la musique, en connaissant sur le bout des doigts, toutes les particularités du métier. J’ai eu la chance d’avoir de très bons professeurs et collègues. Après mes examens de fin d’années de collège, je devais me préparer aux examens d’admission au conservatoire Tchaikovsky, comme tous les étudiants qui souhaitent en faire leur métier. Je me suis préparée aux examens mais à contrecoeur, car je voulais de tout coeur rester au sein de l’Académie Schnitke. Je pouvais y jouer avec un orchestre symphonique et seuls les étudiants les plus privilégiés y avaient droit. Pour l’avoir, j’aurais pu tout donner, parce que jouer avec un orchestre symphonique était pour moi l’apogée du plaisir de l’ouïe. Pourtant, mon professeur pensait autrement et rêvait que je puisse intégrer le conservatoire. Je priais à chaque instant pour qu’un miracle se produise et il n’y avait qu’en jouant mal que j’aurais pu y échapper. Mais bien sûr il était hors de question de mal jouer. Je ne pouvais parler à personne de ce que je ressentais. Probablement que personne ne m’aurait écouté. Tous les pianistes rêvaient de pouvoir intégrer le conservatoire. Au bout du compte, les anges m’ont entendu et tout s’est déroulé comme je l’avais souhaité.
Après l’examen principal, j’ai été admise troisième sur 120 candidats. Tous les résultats avaient été prononcés officiellement, devant caméra. Mais, le lendemain, alors que je venais passer l’examen suivant, l’administration nous a informé qu’il y avait eu une erreur informatique et que de 3ème je passais à la 39ème place. Cette explication était très douteuse.
Mon professeur était accablé par cette nouvelle et s’est donné corps et âme pour essayer de rétablir la situation. Même l’intervention du maestro Rostropovich n’a pas suffit à régler le problème. Depuis longtemps, d’autres règles régissaient le fonctionnement de l’établissement, et ce qui était promis à l’un n’était pas respecté par l’autre. Je connaissais bien ce monde et c’est pour cela que j’étais opposée à poursuivre mes études au conservatoire. Finalement, j’ai pu continuer ma formation à l’Académie Schnitke, et tout s’est déroulé comme je l’avais prévu.
A cette époque, les professeurs de l’Académie Schnitke étaient généreusement rémunérés et ceci attirait de nombreux professeurs du conservatoire Tchaikovsky. Je recevais donc l’enseignement de professeurs du conservatoire tout en restant à l’Académie, j’avais tout gagné! Les étudiants appelaient cette académie « l’armée » car le programme qui devait être réalisé en 5 ans avait été réparti en seulement trois. Chaque jour, nous avions plein de cours, l’entraînement individuel au piano durait des heures et souvent les étudiants devaient travailler à côté pour pouvoir suivre le train de vie moscovite. Seuls les meilleurs pouvaient soutenir un tel rythme. Une forte attention était donnée à la culture physique, on ne pouvait passer les examens de musique qu’après avoir excellé en sport.
Après l’obtention de mon diplôme de l’Académie Schnitke, j’ai poursuivi mes études à l’Académie Gnessin où j’ai reçu un diplôme Magister et un poste d’assistant de professeur au sein même de l’Académie. Après mes études à Moscou, j’ai déménagé en Allemagne pour perfectionner mon art dans l’école supérieure de musique de Francfort sur Main. Vous voyez bien que je ne consacre que quelques lignes à l’énumération des établissements que j’ai fréquenté et des diplômes que j’ai obtenus. Toutefois, la narration de l’expérience que j’y ai acquise excéderait une dizaine de pages, et pour cette raison je me permets d’achever ici l’écriture de mon histoire.
J’habite maintenant près de Paris et je profite à chaque instant de tout ce dont je n’avais pas pu jouir auparavant, à savoir du temps et surtout l’occasion de réaliser tous mes projets d’interprétations, de compositions, de littérature et de poésie. Aujourd’hui, nous vivons dans une société gravement malade et truffée de stéréotypes, dans laquelle tout le monde est amené à réaliser les mêmes schémas de vie. Plus personne ne réfléchit, ne donne libre cours à son imagination et ne prend le temps d’écouter son for intérieur. Vous vous dîtes qu’ils n’ont pas le temps? Et vous avez raison … Je remercie ainsi le destin, mon mari et la France de m’avoir accordé ce temps pour m’exprimer d’une manière aussi créative, ce qui n’était pas possible à Moscou. Mes projets musicaux destinés aux enfants sont un écho de ce que j’avais commencé à faire à l’âge de quatre ans, âge où j’ai écrit des lettres à ma tante et mes premiers contes. Je composais déjà des contes en m’enfermant dans la salle de bain, loin des réalités familiales. A mon entrée à l’école, cette source d’inspiration s’était peu à peu asséchée, mais elle revit aujourd’hui et avec quelle ardeur!
Maintenant je suis revenue à ce que je faisais de mieux au départ, à ma vocation, à savoir établir une rencontre entre le mot et la musique, en mettant en scène des sonorités et en composant la mélodie des mots.
Sur ce site, je partage avec vous mes découvertes, et ce avec le plus grand plaisir!
Veronika Kuzmina Raibaut.